Je vais essayer de vous expliquer sommairement le fonctionnement d'un projecteur de film argentique. Vous devez absolument assimiler ce fonctionnement pour bien comprendre par la suite la technique du transfert de la pellicule vers l'ordinateur. Pour simplifier, je vais prendre l'exemple du film Super-8 argentique à 18 images/seconde. Sachez qu'il existe aussi des cadences de film de 16 i/s et 24 i/s.
Les frères Lumière ont résumé le principe de la caméra et du projecteur dans le préambule de leur brevet: " Le mécanisme de cet appareil a pour caractéristique essentielle d'agir par intermittence sur un ruban régulièrement perforé de manière à lui imprimer des déplacements successifs séparés par des temps de repos pendant lesquels s'opèrent soit l'impression soit la vision des épreuves..."
Pour que l'image enregistrée soit nette, la pellicule n'a été exposée que durant la fraction de seconde où elle se trouvait immobile. De son côté, le projecteur devra ne projeter l'image sur l'écran que si cette dernière est immobile devant la fenêtre de projection. Le projecteur comporte donc un mécanisme coupant la lumière pendant le déplacement de la pellicule, appelé obturateur, lui-même constitué de pales. L'image projetée sur l'écran correspond donc à un éclairage intermittent, autrement dit une succession de lumière et de "noir". La durée du "noir" est imposée par le temps nécessaire au déplacement de la pellicule. Il est loin d'être négligeable par rapport au temps d'éclairement de l'image. Nous devrions donc avoir une lumière qui évolue du noir au blanc à une fréquence de 18 Hz.
Mais, même si la persistance rétinienne permet de voir une image stable, 18 Hz est une fréquence bien trop basse pour le confort de l'oeil humain (à moins de 40 Hz environ, le cerveau perçoit la variation de lumière).
Sachant que ce n'est pas tant le fait qu'il y ait des "noirs" dans l'image, mais la fréquence de ces noirs qui est gênante, les concepteurs des projecteurs eurent l'idée d'augmenter cette fréquence en découpant en trois séquences la lumière envoyée à une même image, et ainsi porter la fréquence des séquences lumineuses à 54 Hz pour une projection réelle de 18 images par seconde.
Ci-contre, le principe de fonctionnent d'un projecteur 8 mm, Super-8, 9.5 et 16 mm.
Ce projecteur a un obturateur à 3 pales. Chaque image est projetée 3 fois sur l'écran. Le doigt d'avance de la pellicule est mu par une came entraînée par le même axe moteur que les pales. Le mouvement du doigt est parfaitement synchronisé avec une seule des 3 pales: il avance donc le film seulement lorsque la lumière est coupée par la pale 1.
Le Super-8 à 24 images/seconde est apparu plus tard. Il a été développé pour améliorer encore la finesse des mouvements. Il n'était plus nécessaire de mettre 3 pales pour avoir une fréquence de lumière proche de 50 Hz, car avec 2 pales on obtenait une fréquence de 48 Hz. Je ne vous ai pas construit d'animation pour le 24 i/s, car il est facile d'imaginer 2 pales au lieu de 3 sur cette animation.
Sur les versions sonores des projecteurs 18 ou 24 i/s, il y a un mécanisme situé après le passage de la pellicule devant la fenêtre de projection, qui va transformer l'avance par à-coups de la pellicule en un déplacement super linéaire, afin que le son lu sur la piste magnétique soit correct.
Pour résumer, je vous mets ci dessous le graphique du fonctionnement en fonction du temps:
- en haut la pellicule (rouge)
- au milieu les pales (noir)
- en bas l'image sur l'écran (orange)